Je n’ai jamais rêvé d’être quelqu’un d’autre, enfin, avant que je sois quelqu’un d’autre. Pour moi, ma vie était parfaite, elle était celle que tout le monde veut, elle était magique et avec beaucoup de bonnes surprises, enfin en surface. Je me plaignais, mais je n’avais pas forcément les raisons de le faire, et pour certains je n’étais qu’une petite fille gâtée, d’ailleurs c’est ce que j’étais. Une petite fille née avec une cuillère en or dans la bouche et en plus de ça, des parents avec de très bonnes relations. Seulement, aujourd’hui je me demande : si j’avais été quelqu’un d’autre, aurais-je été une autre personne ? Aurais-je connu les épreuves qui m’ont mené jusque là ? Etais-je réellement une mauvaise personne ?


Je suis née le 26 juin 1987, mais je ne peux pas vous en dire plus sur ma naissance, personnellement, je ne m’en souviens pas, comme tout le monde, et on ne m’a jamais rien dit sur ce jour là. Je ne pourrais absolument pas affirmer qu’il a été le plus beau jour de la vie de mes parents, et réellement, je ne le pense pas. J’ai grandi dans le plus grand luxe, dans une famille assez populaire. Nous habitions à New York, du bon côté de la rive, et chez nous, même au sein de la famille, il fallait garder des manières, être la petite fille la plus parfaite, la plus jolie, la mieux élevée, la plus enviée. Nous étions assez forts dans cette discipline, jamais de mots de travers, tout comme nos cheveux, parfois même je me surprenais à vouloir vouvoyer mes parents…

« Allez Candice, c’est ton grand jour, dépêches toi. ». Depuis que j’ai appris à marcher, j’ai aimé la danse, ma plus grande passion. Je n’avais que six ans et demi, mais ce jour là, pour moi je jouais ma vie toute entière. Je présentais casse noisette où forcément je jouais Clara. Ce n’était pas une représentation digne des plus grands ballets mais tout de même, il y avait de grandes écoles, dont celle où je voulais aller. Comme je m’en doutais du haut de mes six ans, ma vie c’est à peu près jouée ce soir là. Je suis entrée dans une des plus grandes écoles de danse classique pour réaliser mon rêve : devenir une danseuse étoile de grande renommée. J’adorais ça, et j’y passais tout mon temps, la moindre petite minute de libre. La sensation de se laisser emporter par la musique, l’impression de voler, comme un drogué, je ne pouvais plus me passer de danse.

A quinze ans, je faisais déjà de nombreux ballets, et je voyageais un peu partout pour faire découvrir ma passion aux autres. « Mademoiselle Swann, nous voulions vous voir pour une proposition. Nous avons une grande agence de mannequinat, et votre profil nous intéresse énormément. ». C’était mon père qui me servait de manager, vu que c’était son métier. Il était plutôt bon, seulement, son plus grand intérêt, était l’argent, et le mannequinat rapporte beaucoup plus que les ballets, il le savait parfaitement. Le sourire qu’il avait ce jour là, m’a hanté durant un bon moment, comme si je n’étais qu’une poule aux œufs d’or. Malgré mon regard triste et insistant qu’il ne regarda même pas, il prit la main de l’homme, M. York, et avec son grand sourire commercial, il accepta mon nouveau contrat. « Bien entendu, nous serons chez vous, demain matin à la première heure. ».


« Ne t’inquiètes pas, tu pourras encore danser, le mannequinat ne va pas tout te prendre. ». Ma mère essayait de réparer les âneries de mon père, seulement, elle savait autant que moi que tout cela n’était que peine perdu. Je ne crachais pas sur le mannequinat, j’aimais beaucoup ça, seulement, ce n’était pas le même monde que la danse. Les mannequins ne partagent pas la même chose que les danseuses. J’essayais d’être forte, d’y arriver du mieux que je pouvais, comme toujours, et j’y arrivais. Égérie de grandes marques, j’avais de plus en plus de pouvoir dans ce monde, mais je gardais toujours un pied dans celui de la danse, je ne voulais pas le quitter, dès que je pouvais j’allais danser, sinon je le faisais seule dans ma chambre, seulement, ces moments étaient de plus en plus rare. Je devais profiter des journées de pluies, car depuis que j’étais toute petite, je n’avais absolument pas le droit d’aller sous la pluie. Pourtant, elle m’attirait, je ne voyais pas la différence entre cette pluie et l’eau qui tombait lors de la douche, mais comme toujours, j’écoutais, je restais à la regarder tomber.

A dix-huit ans, j’étais devenue comme toutes les filles de ce monde, je sortais presque tous les soirs, je buvais, je ne revenais pas toujours, et ce soir là on me proposa quelque chose, une chose qui devait me faire partir loin, un truc fou. Je savais parfaitement ce que c’était, seulement, avant je ne voulais pas forcément dépasser certaines limites, mais à présent je m’en fichais, j’étais trop loin de la danse, enfin, de celle que je voulais, et même si j’aimais beaucoup le mannequinat, j’avais besoin de m’évader, partir ailleurs au moins pour un petit moment. Seulement, quand on prend ce genre de chose, ensuite nous ne sommes vraiment plus dans un état normal, et la petite peste que j’étais devenue, ne pouvais plus faire grand-chose. Un homme m’amena dehors, il me touchait, et je ne voulais pas, c’est tout ce dont je me rappel. Dehors, il pleuvait, et dès l’instant où la pluie effleura ma peau, les effets se dissipèrent, tout comme la peur laissa place à une impressionnante sensation, encore plus forte que celle que je ressentais lorsque je dansais. Je me sentais légère, mais aussi perdue. En regardant mes mains, je me rendis compte, que je ne touchais plus le sol. Et quand je revins à moi, ou presque, une personne était à mes côtés.


Le garçon m’amena dans ce qu’il appelait (et ce que j’appelle aujourd’hui), le monde des nuages. Je ne comprenais pas tout ce qu’il me racontait, une histoire de reine, de roi, d’enfant... Pendant ce temps là, je goutais au doux sentiment que la pluie me donnait, mais aussi au faite, que je n’étais plus en colère, je n’avais plus trop peur, j’avais l’impression étrange que durant ce vol, je changeais. Au fond de moi, je savais que je pourrais devenir quelqu’un de mieux, qui ne snob pas tout ce qu’elle croise. En arrivant, il se passa pas mal de chose, mais je ne suivais pas tout, je découvrais un nouveau monde, assez différent. Il était construit sur des nuages, et toute sa structure était magnifique. Pour moi, je ne pensais plus, je rêvais, peut être que le mec m’avais fait plus de mal que ce que je croyais, mais ce n’était pas un rêve, loin de la.

Peu à peu, je m’habituais à ce nouveau monde, et à la nouvelle fille que je devenais, enfin, je redevenais, ce que j’avais perdu depuis mon entrée dans le mannequinat, je n’avais plus besoin de cette coquille permanente. Je du faire des études, cela faisait bien longtemps que je n’en avais pas fait, mais je me pris tout de même au jeu. J’étudiais donc l’art (je ne voulais pas quitter cela), la médecine, le vol acrobatique, les sciences politique et la psychologie. Je ne me voyais pas combattre, mais je voulais être utile tout de même. C’est pour ça, qu’après mes cinq ans d’études, je devins guérisseuse dans le monde des nuages.

Même si cela fait six ans maintenant que je suis ici, je ne comprends toujours pas cette guerre. Les enfants de l’horizon, ont juste suivit le guide qui est venu à leur rencontre, et ils ne peuvent pas changer cela, on arrive sans savoir ce qu’il nous arrive, et on devrait se placer dans une guerre, sans la connaître ?
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